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Pour une intégration des cadres immigrants


Dans un processus d’immigration, on pense souvent que l’intégration professionnelle des cadres et gestionnaires est rendue plus simple par le niveau de qualification et d’expérience de l’intéressé. Pourtant ce dernier doit faire face aux mêmes enjeux que tous les travailleurs, en particulier étrangers, et relever des défis insoupçonnés.

Quand on occupe un poste de cadre


« C’est long, trois ans, pour trouver un poste équivalent à celui qu’on a laissé dans notre pays d’origine », explique Béatrice Malville, Adm.A. Le chemin n’a pas été toujours facile pour celle qui était contrôleuse interne dans des institutions financières en France, avant de plier bagage pour le Québec où elle ne s’attendait pas à rencontrer autant d’obstacles. « On me reprochait principalement de manquer d’expérience québécoise et on me conseillait le bénévolat, que j’ai pratiqué. Parallèlement, j’ai intégré la BNC en tant que représentante au service clientèle. Je pensais que cela m’aiderait à gravir les échelons, mais c’était un coup d’épée dans l’eau. J’ai passé un an et demi au guichet et un an sur une plateforme téléphonique. J’avoue que je trouvais l’immigration et l’intégration de plus en plus difficiles, j’avais même l’impression que les fonctions que j’occupais au fur et à mesure ralentissaient ma progression » !


Pour celle qui occupe aujourd’hui un poste de directrice services-conseils de la gestion des risques chez KPMG, les épreuves étaient plus de l’ordre de la reconnaissance des compétences acquises en dehors du Québec. Un cheminement bien différent de celui de Robinson Reza, Adm.A., qui venait du Pérou : « J’ai étudié la langue de Molière dans mon pays, et depuis que j’ai débuté mes études à l’université j’ai toujours aimé les défis ». Bien que francophone à son arrivée au Québec, il admet avoir quand même eu quelques difficultés, principalement linguistiques, pour trouver un premier emploi en relation avec son expérience et sa profession. Il a suivi une année de cours de francisation et attendu l’obtention des équivalences de son baccalauréat, prise en compte par l’Ordre des administrateurs agréés du Québec (OAAQ), avant de suivre le cheminement qui l’a finalement amené à son poste actuel de directeur des finances et de l’administration à la Corporation des Habitations des Rivières de l’Outaouais.


Transition


Sans nier les obstacles qu’il a dû franchir pour retrouver un niveau de responsabilité comparable au Pérou, Robinson Reza a su tirer avantage de son expérience en comptabilité, finances et administration, mais aussi de sa maîtrise en administration des affaires obtenue au Québec, pour devenir directeur. « J’ai débuté en tant que commis-comptable, puis senior comptable et finances, avant d’avoir l’opportunité d’occuper mon poste actuel ». Béatrice Malville, quant à elle, a fait jouer son réseau personnel pour ajouter une expérience d’une année en contrat temporaire chez Desjardins, afin de se rapprocher un peu plus de ce qu’elle faisait en France et ce vers quoi elle souhaitait tendre au Québec. Cette première étape a été suivie par un poste d’auditeur interne senior à la Banque Laurentienne pendant un an et demi, toujours grâce à son réseau personnel : « En fait, j’ai fait jouer le réseau pour tous les postes que j’ai occupés. Appliquer ne suffisait pas, il a vraiment fallu que je sois référée pour obtenir une entrevue, même pour débuter mes expériences. Aujourd’hui, je suis heureuse d’être à un poste qui correspond à mes compétences ».


Un ordre pour les administrateurs


Pour Robinson Reza un autre facteur a été déterminant. Son employeur exige de lui qu’il fasse partie de l’Ordre des administrateurs agréés du Québec (OAAQ), lequel facilite l’accès à des emplois divers dans l’administration.


D’ailleurs, cet Ordre, conscient de l’intérêt de promouvoir l’inclusion des nouveaux arrivants à des postes de cadres, en a anticipé les écueils en mettant à leur disposition une trousse à outils. Cette dernière peut s’avérer fort utile quand il s’agit d’assimiler les codes culturels, la gestion et le milieu québécois des affaires, ou encore d’utiliser l’autoévaluation destinée à avoir accès aux postes de cadre, et ainsi s’éviter quelques années d’errance faute d’avoir les bons repères.

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